Projet scientifique

Pour expliquer l’origine des conflits, les chercheurs se focalisent très souvent sur les conditions structurelles des acteurs en présence : opportunités de pouvoir, gains matériels, etc. Sans écarter cette perspective, notre ambition est surtout de comprendre ce qui favorise ou prévient le passage à la violence, car seule une minorité de tensions se transforme effectivement en conflit armé.

L’objectif de cette section est d’identifier certaines régularités dans l’escalade des crises, tout en tenant compte des contextes propres à chaque situation ainsi que des « grilles mentales » des décideurs. Ainsi, seront étudiés les aspects symboliques, émotionnels et discursifs de la conflictualité contemporaine.

Les politiques de prévention des conflits armés. Il s’agira ici de multiplier les études de cas afin d’identifier des récurrences dans la gestion « pacifique » ou « belliqueuse » des crises internationales contemporaines. Nous serons ainsi en mesure d’expliquer si l’aggravation ou l’apaisement d’une crise vont de pair avec un changement de politique : dissuasion, « réassurance », sanctions économiques ou symboliques, reconnaissance, etc.

Cette analyse comprendra trois niveaux. Un premier niveau, interétatique, qui renvoi à la prévention des guerres et des crises internationales par des politiques diplomatiques. Les premiers résultats suggèrent que la gestion pacifique d’une crise internationale englobe à la fois des questions de « face » (image de soi, prestige, honneur) que des préoccupations d’identité et la notion d’empathie. Les conclusions de cette étude doivent également produire des informations pertinentes pour les analystes et décideurs politiques confrontés à la gestion de crises internationales.

Le deuxième niveau, intra-étatique, renvoie à la prévention des conflits civils armés – internationalisés ou non – par des politiques « symboliques ». L’objectif de ce projet sera de comprendre, par une attention particulière aux griefs sociaux des acteurs, pourquoi et à quel moment, des discriminations politiques, socio-économiques et culturelles, deviennent une source de guerre. Nous souhaitons insisterons ici sur l’impact des dénis de « reconnaissance » (non-respect des droits de l’Homme, manque d’autonomie, manque d’intégration sociale) sur la fréquence et l’intensité des violences politiques.

Le dernier niveau, quant à lui, relève de la prévention de la violence dite « terroriste ».Nous avons lancé une étude qualitative sur la radicalisation « terroriste », en préférant une psychologie des situations à une psychologie des acteurs. À ce titre, nous intégrerons davantage le rôle des politiques publiques et des médias, afin de voir si les trajectoires de radicalisation sont corrélées avec l’appréhension, par les décideurs politiques, de l’enjeu terroriste : « dé-dramatisation » ou « sécurisation » (présentation comme une menace existentielle) de la violence terroriste. L’ambition théorique sera d’interroger l’existence ou non d’un idéal-type de processus de radicalisation reposant sur des variables telles que les différents parcours de vie, les politiques publiques ou la couverture médiatique.

Activités du groupe

  • Novembre, Colloque Faire la paix, Mémorial de Caen
  • 23-24 Mai, War and Peace in Coldwar French Thought

Colloque organisé par Grey Anderson, Thomas Hippler, à l’Université de Caen Normandie/IMEC

  • Mai, Comprendre la guerre pour faire la paix

Journée d’études organisée par Thomas Hippler et Thomas Lindemann à l’Ecole polytechnique

  • 24-25 Janvier, La paix de religions : naissance de l’Europe moderne

Journée d’études organisée par Thomas Hippler et Céline Jouin à l’université de Caen

  • 23 Octobre, Global Conceptual History of Peace

Journée d’études organisée par Thomas Hippler et Zhou Lihong, à Canton en Chine

  • 12 Juillet, « Les enjeux symboliques de la guerre commerciale entre le Président Trump et le Gouvernement chinois » de John Feldman (Center for Financial Stability)

Séminaire organisée par Thomas Lindemann et Franca Loewener à l’AgroParisTech Centre de Paris

  • 22-23 Mai, Pax : pour une histoire de la paix romaine

Journée d’études organisée par Thomas Hippler et Caroline Blonce à l’université Caen Normandie

  • 8 Mars, Les causes de la guerre

Journée d’études à l’IRSEM, interventions de Franca Loewener, Omar Layachi et Thomas Lindemann

  • 14 Décembre, July 1914 as a differential escalation Game

Conférence à Science Po organisée par Thomas Lindemann et Noël Bonneuil. La conférence représente une contribution à la recherche sur les origines symboliques des guerres et donne lieu à la discussion des origines davantage idéelles, mais souvent méconnues de la Première Guerre mondiale et notamment du rôle des dénis de reconnaissance (du statut) dans l’escalade de la crise. Contrairement à une perspective commune et à l’aide des données quantitatives sur l’évolution du statut/prestige des principaux responsables de la crise de 1914, nous avons pu établir que l’escalade de la crise est moins due à des intérêts fixes mais plutôt à une dégradation de la valeur symbolique des protagonistes dans lescontextedes interactions à la fin de la crise.

  • 20 Juin, Les politiques dissuasives dans les crises internationales

Journée d’études organisée à l’Ecole Polytechnique. Très souvent, les chercheurs se focalisent sur les conditions structurelles des conflits. Sans écarter cette perspective, l’ambition de cette journée était surtout de comprendre ce qui favorise ou prévient le passage à la violence comme moyen de résolution des conflits. Uniquement une minorité de tensions se transforme effectivement en conflit armé.

Responsables du groupe de travail

Thomas Lindemann est professeur de science politique à l’Université de Versailles Saint-Quentin et à l’Ecole Polytechnique. Il a publié de nombreux ouvrages sur les causes de la guerre comme par exemple Causes of War. The Struggle for Recognition, Colchester, ECPR Press, 2011. Il a également publié des articles sur cette thématique dans des revues de référence comme Political Psychology, International Theory, International Relations, Global Discourse, ou encore la Revue Française de science politique.

Contact : thomas.lindemann (@) uvsq.fr

Docteur de l’Institut Universitaire Européen, Thomas Hippler a enseigné à l’Université d’Oxford, puis à Sciences Po Lyon et est actuellement professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Caen Normandie. Il est notamment l’auteur de Soldats et citoyens. Naissance du service militaire en France et en PrusseBombing the People: Giulio Douhet and the Foundations of Air-Power Strategy, 1884-1939Le gouvernement du ciel. Histoire globale des bombardements aériens.

Membres du réseau (tous les membres du groupe ne sont pas membres de l’AEGES, ce groupe permet de faire le lien avec des chercheurs en dehors de l’association) : Grey Anderson, Philippe Bonditti, Janis Grzybowski, Catherine Hoeffler, Céline Jouin, Franca Loewener, Christian Olssen, Jeanne Prades, Eric Sangar, Corentin Sire