Colloque annuel de l’AEGES 2019 – Appel à Communications

Appel à communications – Colloque annuel de l’AEGES

« Corps et guerre »

19 & 20 décembre – Université Paris II Panthéon-Assas

Date limite d’envoi des propositions : 15 septembre 2019

contact: colloqueannuel2019@gmail.com

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Le colloque annuel de l’Association pour les Etudes sur la Guerre et la Stratégie aura lieu les 19 et 20 décembre 2019 à l’Université Paris II Panthéon-Assas.

Le thème retenu pour cette édition est « Corps et guerre ».

Dans les derniers vers de l’Iliade, alors que les conflits sont achevés entre les Troyens et les Achéens et qu’Achille est parvenu à vaincre le héros Hector afin de venger la mort de son ami Patrocle, les Dieux supplient Achille de rendre le corps du héros aux Troyens. Face à l’entêtement d’Achille à ne pas accorder de sépulture au vaillant Hector, les Dieux interviennent et maintiennent le corps du héros intact, pendant tout le temps où il est détenu par Achille. A travers cet épisode, l’épopée homérique suggère bien le statut très spécifique du corps guerrier. Tantôt martyrisé, tantôt mythifié, glorifié, sacralisé (Benoit, Boetsch, Champeaux, Deroo, 2009) le corps du guerrier est au cœur d’une série de tensions et d’ambivalences que ce colloque se propose précisément d’arpenter à travers des études de cas originales, portant sur des contextes socioculturels, historiques, nationaux et politiques variés. Maintenir le corps d’Hector intact, c’est pour les Dieux un moyen de souligner la bravoure du héros en lui accordant une sépulture méritée, pour éviter qu’il ne disparaisse encore et en-corps.

Etudier le corps, dans sa relation avec la guerre, implique donc d’examiner le corps, y compris quand il a été mis hors-de-combat (blessé, tué, emprisonné). Les normes ici applicables (droit humanitaire) pourraient ainsi être réinterrogées à la lumière également de la conflictualité contemporaine. En effet, les tensions liées à la préservation du corps d’Hector dans l’Iliade pourraient bien ne devenir qu’une fable reléguée aux temps historiques. Avec le développement de systèmes d’armes robotisés voire autonomes qui augmente la distance entre le combattant et le combat, quelle place subsiste pour le corps du soldat ? L’opérateur de drones possède-t-il le statut de combattant, au même titre que le fantassin ? Les problématiques liées à l’évolution de l’intelligence artificielle et du soldat augmenté, capable d’améliorer ses capacités physiques, sportives, et sensorielles grâce à des prothèses et soutiens technologiques, pourraient utilement être discutées. Penser les évolutions de la guerre, en particulier dans sa dimension technologique, revient bien à interroger la place que tient le corps du combattant au sein de celle-ci. Enfin, la prise en charge du corps traumatisé pose aussi un certain nombre de questions dans sa dimension mentale et de stress post-traumatique.

Penser le corps en guerre revient in fine à penser la place accordée à la protection de l’individu – y compris non-combattant – au cours des conflits armés, et à la manière dont les Etats priorisent parfois certains corps plus que d’autres. Quelle que soit la manière dont se dessineront les évolutions technologiques de la conflictualité, penser la place du corps au sein de la guerre revient, de façon centrale, à explorer la meilleure manière de le protéger, à la fois opérationnellement, stratégiquement et juridiquement, face aux menaces que le conflit fait peser sur les corps : trafic d’êtres humains, esclavages, violences sexuelles, trafic d’organes, exploitation, déplacements contraints, disparitions forcées (le corps « dissimulé »…), etc. Le corps mort, par ailleurs, fait l’objet de flous juridiques. Par exemple, à qui incombe la charge d’inhumer le corps criminel (Kastoryano, 2015) ?

Les contributions à notre colloque annuel pourront donc s’insérer dans une ou plusieurs de ces thématiques sans pour autant s’y limiter !

Proposition indicative de panels :

  • Le corps en armes : examen du corps-combattant :
    • Construction du corps combattant – formations militaires, entrainements.
    • Etudes du genre en guerre : virilisme, corps féminin combattant.
    • De la parade à l’insurrection : les tensions entre le corps érigé (vertical) et le corps caché (horizontal).
    • Les représentations culturelles, visuelles du corps combattant. Les perspectives non-occidentales – ou mondiales – du combattant. Le corps combattant dans la culture populaire (télévision, séries, bandes dessinées, jeux vidéo, etc.).
    • Une imagerie du corps en guerre.
    • Enfants combattants.
  • Le corps comme arme :
    • Boucliers humains, le corps face aux chars.
    • Usages sociaux du corps.
    • Le corps sacrifié : les attentats-suicides.
  • Le corps hors-de-combat :
    • Corps traumatisés : stress post-traumatiques, corps blessés, réparation du corps.
    • Corps morts : gestion des dépouilles, rapatriement, funérailles. Qui possède les corps ?
    • Le corps du prisonnier, détenu, otage. Le corps des disparus.
  • Esprit de corps :
    • Standardisation du corps militaire : tension entre l’individuel et le collectif au sein des appareils militaires. Examen des stratégies de distinction au sein des armées.
    • Formation de l’esprit de corps dans les groupes armés non-étatiques : entre idéologisation et innovation pour créer le groupe.
  • La guerre à l’ère technologique : une guerre sans corps ? :

    • Le soldat augmenté : sur-sollicitation technologique et transformation du corps combattant
    • Cyber-combattant : des soldats sans corps ? Le statut des combattants à l’ère du numérique.
    • L’ère des machines : drones, robots tueurs : conception du corps en guerre de l’hoplite à l’opérateur de drones.
  • Protection du corps :
    • Le statut juridique et éthique du corps combattant et du corps non-combattant : victimes ou cibles légitimes.
    • Le corps vendu : trafic d’êtres humains, violences sexuelles, esclavages, trafic d’organes dans les conflits armés. Economie du corps et protection juridique.
    • Le corps national : éliminations ciblées et citoyenneté, obligations de secourir : comparaison des obligations rattachées à la protection des citoyens, binationaux et apatrides.
    • Le corps négocié : pratiques diplomatiques : échanges de prisonniers, de corps.

Proposition d’ateliers :

  • Publier dans une revue francophone : en présence de responsables éditoriaux de revues francophones des différentes disciplines formant l’AEGES, cet atelier aura vocation à expliciter les codes, modalités de soumission d’un article au sein des revues traitant de la guerre et de la stratégie (à comité de lecture ou non).
  • Atelier méthodologie de la recherche : mener un entretien, traiter des images et vidéos pour une analyse de contenus, accès aux sources primaires.
  • Atelier rencontre entre praticiens et théoriciens.

Modalités :

Les propositions (communications ou panel constitué) sous forme d’un titre, d’un résumé de 350 mots maximum, et d’une courte biographie, devront parvenir au plus tard le 15 septembre 2019 à l’adresse électronique suivante : colloqueannuel2019@gmail.com

Les groupes de travail de l’Association pourront constituer des panels indépendants sur leurs thématiques de recherche.

Les meilleures communications pourront faire l’objet d’une publication.

Comité d’organisation et scientifique :

Sarah Cassella, Julian Fernandez, Thomas Hippler, Jean-Vincent Holeindre, Sonia Le Gouriellec, Marie Robin, Jeanne Teboul.

Calendrier :

  • Date limite d’envoi des propositions de communication : 15 septembre 2019
  • Sélection de communications retenues : 10 octobre 2019
  • Date limite d’envoi des communications : 30 novembre 2019
  • Colloque : 19-20 décembre 2019